Carnet de route : une semaine dans le Kurdistan turc
C’est l’histoire de deux Français, un Espagnol et un Italien qui prennent l’avion d’Istanbul pour Diyarbakir et y louent une voiture au chassis bien trop bas avec la ferme intention de sillonner l’est de la Turquie en long, en large, et en travers. Après un road trip d’une semaine dans cette région que l’on appelle « Kurdistan » (mais pas trop fort s’il l’on ne souhaite pas s’attirer la colère des nationalistes turcs), j’ai un millier de photos dans mon boitier. Diyarbakir, Urfa, Mardin, Midiyat, Van… l’expérience, essentiellement touristique, n’en a pas moins été riche et intense. J’ébauche un début de sélection, passe quelques photos à la moulinette d’un traitement colorimétrique à s’arracher les yeux… puis de guerre lasse laisse dormir tout cela bien au chaud dans un secteur abandonné et poussiéreux de mon disque dur.
L’Espagnol du groupe, c’est Javier. Nous nous sommes liés d’amitié il y a une vingtaine d’années à Dublin dans une collocation située dans un ancien quartier ouvrier au nord-est d’O’Connel street. J’y reste neuf mois. Peu de temps après mon retour en France, Javier me rend visite à Toulouse et nous conservons une correspondance épisodique teintée par ma culpabilité d’être rarement, par fatalisme, celui qui fait l’effort de garder le contact. Dix ans plus tard, il me rejoint à Istanbul et nous décollons pour Diyarbakir avec Federico et François.
Dix ans de plus passent puis, peu de temps avant la deuxième vague du Covid-19, un message de Javier:
« Alors, ça vient ces photos? Le voyage dans l’est dans de la Turquie…
– Eh! Super projet. Je vais les éditer de nouveau et en faire une sélection plus réduite, plus lisible…
– Et merde, je vais attendre pour l’éternité.
– Je t’envoie ça au début de la semaine prochaine ok? »
Un an plus tard et une nouvelle prise de contact sur un tout autre sujet, je lui promets les photos puis je réalise que tout un pan de ma photographie est ainsi restée dans l’ombre, inexploitée. Nouvelle sélection, un post-processing plus sobre… ce sera le premier de mes « Carnets de route ».